Les Fleurs Japonaises – À Chaque Mois Sa Fleur

Les Fleurs Japonaises

Fleurs japonaises : hanami et cerisiers au cœur de la culture nippone

Les fleurs japonaises suscitent beaucoup d’admiration dans le monde. Les Japonais, comme les étrangers, contemplent leurs couleurs et leur délicatesse. Les fleurs sont également appréciées en Occident et ont des symboliques fortes, comme par exemple le chrysanthème en automne. Toutefois, chaque mois a sa propre fleur dans la culture japonaise. Or, la reine des fleurs japonaises est bien évidemment la fleur de cerisier, sakura. Le mois d’avril est l’heureux élu de cette fleur fragile. Chaque année, l’avancée de la floraison des cerisiers est transmise à la télévision et alors que cette progression se fait, d’ouest en est et du sud au nord, les habitants du Japon organisent des hanami, une sortie au vert où les participants admirent les fleurs des cerisiers tout en mangeant et buvant. Une sorte de pique-nique printanier !

Avant de vous dévoiler les douze couples mois/fleur et où les voir, nous allons un peu approfondir les choses ! Eh oui ! Les Japonais aiment les fleurs et les fleurs japonaises, surtout le sakura, sont très populaires. Mais pourquoi ? Plusieurs théories à ce sujet qui toutes ont en commun la fragilité des fleurs de cerisiers. Les fleurs japonaises ont toujours été très importantes dans la culture nippone comme en témoigne l’utilisation à la fois poétique et symbolique de nombreuses fleurs dans le Genji Monogatari écrit au XIe siècle. De plus, c’est entre la période Nara (710 – 794) et la période Heian (794 – 1185) que le hanami est né. En effet, les aristocrates se mirent à organiser des festins en chantant les louanges des fleurs de cerisiers. Toutefois, cet engouement pour cette fleur est le résultat d’un concours de circonstances. Tout d’abord, il faut savoir qu’avant la fleur de cerisier, les fleurs japonaises les plus appréciées au printemps était la fleur de prunier et le lespédèze. Or, à la période Nara, une vague de construction de temples débute et beaucoup d’arbres sont coupés. Mais pas les cerisiers et c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent au centre de la vie des Japonais. Par ailleurs, la floraison des cerisiers était également surveillée de près par les fermiers car elle était le signe de l’arrivée du printemps, ce qui en faisant un événement majeur de l’année, voire vital pour les récoltes. À cela s’ajoutent le caractère répétitif de cette floraison ainsi que sa grande fragilité faisant de la fleur de cerisier un symbole de vie très fort. D’où l’idée que 「桜に神が宿る」 sakura ni kami ga yadoru, soit « Les dieux habitent les fleurs de cerisiers ». Le peuple japonais prend l’habitude des hanami, à l’image des aristocrates, à la période d’Edo (1603 – 1868) sous Tokugawa Yoshimune (1684 – 1751) qui en fit planter une grande quantité pour améliorer l’humeur de la population (apparemment, ce n’était pas la joie à ce moment-là alors tout était bon !).

Et voilà comment la fleur de cerisier est devenu un des emblèmes du Japon !

Quoi ? Quand ? Où ? Les fleurs japonaises dans tous leurs états

Ume (Fleur Japonaise) : Le prunier du Japon

一月 ichigatsu janvier : Les fleurs de pruniers, ウメ ume, entament le bal des fleurs japonaises ! Un des lieux les plus prisés pour un hanami au frais est Yoshino Baigo à Okutama, une ville au nord de la préfecture de Tôkyô, avec pas moins de 25 000 pruniers ! Vous trouverez environ 10 000 arbres de plus si vous allez à Odawara, une ville de la préfecture de Kanagawa non loin du Mont Fuji.

Fukujusô (Fleur Japonaise) : L'Adonis ramosa

二月 nigatsu février : Adonis ramosa, フクジュソウ fukujusô, ou plus communément appelée adonis, est la fleur japonaise du mois de février. Avec ses jolis pétales jaunes, elle met de la vie dans les paysages hivernaux du Japon puisqu’elle représente le bonheur. Elle poussait de Hokkaidô jusqu’à Kyûshû, sur la côte Pacifique, mais est à présent rare à l’état naturel. Vous pouvez en admirer au jardin botanique de Kyôto.

Tsubaki (Fleur Japonaise) : Le Camélia du Japon

三月 sangatsu mars : Faites place au camélia et à ses pétales charnus ! C’est bientôt la fin de l’hiver et le camélia fleurit ! Il existe une très grande variété de camélias mais le terme général pour les désigner est ツバキ tsubaki. La préfecture de Saitama, dans la région de Tôkyô, a une longue tradition horticole et vous pouvez voir des camélias et découvrir beaucoup d’autres fleurs japonaise au Centre de Promotion de l’Horticulture, à Kawaguchi (埼玉県花と緑の振興センター Saitama-ken hana to midori no shinkô sentâ).

Sakura (Fleur Japonaise) : Le cerisier du Japon

四月 shigatsu avril : Vous le savez à présent, la fleur japonaise qui symbole le printemps et qui forme donc un couple avec le mois d’avril est la fleur de cerisier ! Si vous êtes à Tôkyô, nous vous conseillons d’organiser un hanami au Shinjuku kôen, Ueno kôen ou Yoyogi kôen. Si vous êtes plutôt du côté de Kyôto, vous pouvez vous rendre au Maruyama kôen, mais l’idéal serait de pousser jusqu’à Nara pour admirer les 30 000 cerisiers du mont Yoshino. Le parc du château de Himeji, à Hyôgo, est également très prisé !

Fuji (Fleur Japonaise) : La glycine

五月 gogatsu mai : Vous n’allez pas être très dépaysé cette fois puisque la fleur japonaise du joli mois de mai (ça ne vous rappelle pas un truc ?) est le muguet, スズラン suzuran ! Il évoque la douceur du printemps qui s’installe pour bientôt devenir été. Et avec cette nouvelle saison qui approche, les fleurs japonaises poussent dans tous les sens et la glycine du Japon, フジ fuji, est également à l’honneur au mois de mai. Commes les Japonais sont fous de fleurs, vous l’aurez compris à présent, il existe plusieurs festivals de la glycine: par exemple celui du temple Byodoin à Uji à Kyôto.

Hanashôbu (Fleur Japonaise) : L'iris

六月 rokugatsu juin : L’iris japonais, ハナショウブhanashôbu est une des fleurs japonaises du mois de juin. Il évoque les bonnes nouvelles et la fidélité. Comme le camélia, il existe de très nombreuses variétés d’iris au Japon (environ 5000) et certaines sont en voie d’extinction à l’état naturel, comme le キリガミネヒオウギアヤメ kirigamine hyôgi ayame, un bel iris violet. Vous pouvez quand même profiter de la floraison des iris dans le jardin du sanctuaire Meiji de Tôkyô ! Quant à l’autre fleur, c’est l’hortensia, アジサイ ajisai ! Les lieux où admirer les hortensias sont très nombreux : le sanctuaire Hakusan (arrondissement de Bunkyô à Tôkyô), le temple Mimuroto à Uji (préfecture de Kyôto) ou encore le jardin d’hortensias de Sanda, dans la préfecture de Hyôgo !

Asagao (Fleur Japonaise) : L'ipomée

七月 shichigatsu juillet : « le visage du matin » si l’on traduit littéralement le nom de la fleur japonaise du mois de juillet : アサガオ asagao, l’ipomée (également appelée volubilis en France). Les ipomées symbolisent l’arrivée de l’été et sont parmi les fleurs les plus utilisées pour les rideaux de verdure (緑のカーテン midori no kâten), qui sont des filets tendus que l’on peut installer sur un balcon par exemple. Grâce à l’ombre créée et au phénomène de transpiration des plantes, on peut profiter d’un courant d’air l’été qui permet de moins utiliser l’air conditionné qui est mauvais pour l’environnement, la santé et le porte-monnaie ! Pour ceux qui sont des lecteurs de japonais chevronnés, découvrez le site du phénomène « rideaux de verdure ». À Iriya, dans le quartier de Taitô au nord-est de la gare d’Ueno à Tôkyô, il existe un festival d’ipomées. Le festival est couplé à un marché où plus de 400 000 visiteurs se bousculent chaque année.

Himawari (Fleur Japonaise) : Le tournesol

八月 hachigatsu août : Sans doute le mois le plus chaud de ce côté de l’hémisphère, et la fleur qui évoque par excellence la chaleur et le soleil est sans doute le tournesol, ヒマワリ himawari. Et peut-être parce qu’elle se tourne toujours vers le soleil, les Japonais ont fait le choix d’en planter près des lieux de la catastrophe nucléaire de Fukushima pour dépolluer la terre. De plus, la préfecture de Kagawa est réputée pour sa production de tournesols.

Higanbana (Fleur Japonaise) : Le lycoris radiata

九月 kugatsu septembre : Le rouge est la couleur de l’automne au Japon puisque la fleur de septembre est le lycoris radiata ou lycoris rouge, ヒガンバナ higanbana. En cela, cette fleur rappelle le feuillage d’automne des érables japonais, les momiji. Très utilisés pour l’ikebana, qui est une technique d’arrangement floral japonais, les lycoris radiata sont très présents dans la campagne japonaise et fleurissent à l’équinoxe d’automne (vers le 22 septembre). Certains Japonais associent également cette fleur à la mort puisque l’équinoxe d’automne est une période à laquelle les gens se rendent sur la tombe de leurs ancêtres.

Kosumosu (Fleur Japonaise) : Le cosmos

十月 jûgatsu octobre : La fleur japonaise qui confirme la présence de l’automne est le cosmos, コスモス kosumosu. Bien qu’originaire du Mexique, le cosmos se plaît au Japon et on le trouve dans beaucoup de jardins ainsi qu’à la campagne. Il semble que les fleurs japonaises se plaisent à toutes les saisons !

Kiku (Fleur Japonaise) : Le chrysanthème

十一月 jûichigatsu novembre : Alors que la ronde des fleurs japonaises touche bientôt à sa fin, une plante très forte symboliquement fait son entrée : le chrysanthème, キク kiku. Bien que la fleur de cerisier soit la fleur japonaise par excellence aux yeux des étrangers, c’est sans doute le chrysanthème qui est la fleur qui représente véritablement le Japon. Tout bonnement parce qu’il est le symbole de la famille impériale (et ouais… !). Vous pouvez aller voir les chrysanthèmes en fleurs au Kiku matsuri, au temple Yushima dans l’arrondissement de Bunkyô, à Tôkyô. Il est à noter qu’en dehors du fait que le chrysanthème représente la mort dans beaucoup de pays d’Europe et la famille impériale au Japon ; cette fleur est aussi offerte le jour de la fête des Mères en Australie et est le symbole de la ville de Chicago, aux Etats-Unis. Bizarre…

Kantsubaki (Fleur Japonaise) : Le camélia sasanqua

十二月 jûnigatsu décembre : Voici la fleur japonaise qui symbolise le dernier mois de l’année : Le camélia sasanqua, カンツバキ kantsubaki. Elle est un peu différente du camélia du mois de mars : moins fourni en pétales. Originaire des îles Ryûkyû, le froid ne lui fait pas peur puisque ce camélia pousse généralement à l’état naturel à une altitude de 900 mètres, ce qui en fait la fleur de l’hiver pour les Japonais. Son nom « sasanqua » est issu de la latinisation du nom japonais qui lui était autrefois donné : sazanka 山茶花, qui signifie « thé des fleurs de montagne ». En effet, les fleurs du camélia sasanqua étaient utilisées pour parfumer le thé vert !

Nous vous laissons avec deux pensées de poètes japonais au sujet des fleurs de cerisiers :

世の中にたえて桜のなかりせば春の心はのどけからまし – Ariwara no Narihira (825 – 879)
yo no naka ni taete sakura no nakariseba haru no kokoro wa nodokekaramashi
S’il n’y avait pas de floraison de cerisier, au combien notre cœur serait plus tranquille au printemps
願わくは花の下にて春死なん、その如月の望月のころ – Saigyô Hôshi (1118 – 1190)
negawaku wa hana no shita nite haru shinan, sono kisaragi no mochizuki no koro
Puisse le ciel me faire mourir au printemps sous les fleurs des cerisiers au deuxième mois quand la lune est pleine

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